•   Il regarde la pluie. Elle tombe. Sans s’attarder. Sans se précipiter. Avec une étrange fatalité. Il la regarde. En tremblant légèrement. Il l’observe s’écraser, goutte par goutte contre la surface lisse et transparente de la fenêtre. De temps en temps, il suit des yeux les gouttes descendre avec frénésie le long du verre parsemé d’obstacles liquides.

     Elle regarde la  pluie. Elle tombe. Chaque goutte percute avec violence le sol bétonné.  Elle la regarde. Avec une boule dans la gorge. Elle voit la baie vitrée où éclatent les minuscules quantités de liquide arrondie.  Avec industrialisme. Souvent, elle admire le sol, maintenant inondé, où les gouttes ne cessent de se jeter telles des obus prêt à exploser. Et les gouttes explosent. Provocant de petites explosions d’eau.

     

       Il regarde la pluie. Il tremble. Pourtant il n’a pas froid. Il tremble parce qu’il a peur de s’écraser. Comme la pluie. Petit à petit. Il ne veut pas s’écraser. Il lutte contre lui. Contre eux. Contre sa destinée. Il voudrait courir en dansant. Sentir les gouttes s’écraser sur lui. Rire. Chanter. Ne plus faire semblant. Ne plus avoir peur.

      Elle regarde la pluie. Elle a un nœud dans la gorge. Pourtant elle n’a pas peur. Elle a cette boule, ce nœud parce qu’elle voudrait exploser. Elle va exploser. Comme la pluie. Pour se montrer. Pour leur montrer. A tous. Elle voudrait qu’ils comprennent. Elle voudrait sauter dans les flaques à pieds joint. Voir la pluie exploser sur sa peau. Crier à en avoir mal au cœur. Fermer les yeux. Taper dans tous ce qu’elle voit. Exploser.

     

     Il regarde la pluie. Il ne peut pas aller la voir de plus près. Il ne peut pas. Tout simplement parce qu’il est au troisième étages d’un immeuble. Il ne veut pas descendre les escaliers quatre à quatre. Parce qu’il ne veut pas voir les regards accusateurs. Et devoir encore, faire semblant.

     Elle regarde la pluie. Elle ne peut pas aller la sentir contre elle. Elle ne peut pas. Tout simplement parce qu’elle n’arrêterait jamais de hurler. Elle ne veut pas ne pas s’arrêter. Parce qu’elle, justement elle veut profiter. Vivre. A en exploser.

     

     Alors, ils regardent la pluie. Ils pensent, ils espèrent, qu’elle pleure pour eux. Que le ciel, emplie de nuages, crie, pleure, râle, gronde, hurle, pour eux. Que le ciel fait tomber  des larmes sans sel pour montrer que l’acidité de leur chagrin ne peut même pas être comprit. 

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  •   Bon c'est un groupe que j'ai découvert il n'y a pas longtemps... Ils ne sont pas merveilleux mais je trouve qu'ils sont vraiment fort! Ils chantent a capella ... Juste écoutez et dite-moi ce que vous en pensez...

                                                                                                                     -Alix

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  •         A Mada, 50 kilomètres/heures c'est une pointe de vitesse (je n'exagère pas!). En France, je pense que c'est 100/150 ou quelque chose dans ce goût-là (vous devez mieux savoir que moi ^-^).

          A Mada, la vitesse moyenne doit culminer autour de 25 km/h... 

         Mais en réalité, heureusement, parce qu'en faite la vitesse la plus utilisée c'est sûrement la première. La cause, la route défoncée et les pousses...

                                      

                                                                                         -Alix

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  •     Elle est là. Droite mais déçue. Raide mais penaude. Dure mais incomprise. Elle n’a pas l’air parfait, ni même l’air d’une petite fille que va se faire manger par un loup contrairement aux héroïnes des romans qu’elle aime lire. Non. Elle a juste l’air d’elle-même.

        

    Son regard fait le va-et-vient entre les yeux de ses interlocuteurs et ses pieds. Ses pieds rangés dans les bottes de cuir usé, humides de l’averse d’il y a quelques instants, quand elle était bien. Libre.

     Maintenant, elle est face à eux. Il cri. Elle pleure. Ils sont à  bout de nerf, ceux-là. Mais elle, elle ne dit rien. Elle attend. Le moment où ses deux géniteurs se calmeront. Là, il n’y a rien à faire. Elle le sait.

      En attendant, elle les détaille. Elle est grande, châtain avec des mèches rouges sang qui encadre son long visage mouillé de larme qui jaillissent sans cesse de ses yeux d’un puissant acier. Elle a un pull de laine grossière bleue. Un jean moulant ses jambes fatiguées de courir à droite et à gauche.  Les pantoufles qu’elle a aux pieds sont neuves d’une heure. Lui, il fait la même taille qu’elle. Son visage carré et dur, est doux malgré tout. Ses épaules trapues sont couvertes d’un manches-longues beige,  retroussé d’un côté. Il porte un pantalon large de vieille toile noire qui contraste son haut. A ses pieds, des chaussettes dépareillées.

     

      Maintenant, c’est lui qui pleure. Et elle qui crie. Toujours à bout de nerf. Elle, elle attend toujours. Elle regarde l’immense cuisiné moderne et trop propre dans laquelle ils se trouvent. Elle se dit qu’il manque du sel, qu’il faudrait en acheter. Elle se dit qu’il manque le fouet, inquiète, elle le cherche des yeux. S’inquiète de plus en plus. Si elle ne le trouve pas très vite, elle ne va pas pouvoir restée debout, immobile devant eux. C’est bon, elle l’a trouvé. Il est sur l’égouttoir entouré d’un grand saladier, d’une cuillère en bois, d’une cuillère à soupe,… Elle se dit qu’elle devrait le ranger, que quand même ils pourraient faire un effort. Elle voit le four allumé. Ca l’intrigue. Elle affine son regard. Une forme rectangulaire, arrondie vers le haut se détache dans la lumière jaune. Elle fronce les sourcils. Se demande. Fait circuler son regard. Il passe devant l’égouttoir. Revient dessus. Regarde le four, l’égouttoir, le four, l’égouttoir, la table où il reste de la poussière de farine, le four, l’égouttoir, la table, le four, la table, ses parents.

    Ils sont sur le point de pleurer.

    D’un seul coup, elle réentend la voix de sa mère qui claque telle un fouet sur sa joue. La voix rauque de son père reprend les reproches qui ressemblent plus à une plainte dans sa bouche. Elle entend :

    « Mais où tu étais ?... Nous étions inquiets… »

    Cette phrase résonne dans sa tête…

    Elle ré-regarde la table, le four, l’égouttoir. La phrase résonne toujours dans sa tête.

     

    Elle se plante sur ses deux pieds.

    Elle plonge son regard dans celui, vert, de son père. Puis ses yeux dans ceux, aciers de sa mère.

    Un silence tombe.

     

     Une demi-fraction de seconde après, elle saute en souriant dans les bras de ses parents.

    Elle se dit que c’est important « parents ». Maintenant, à ce moment précis, elle ressent réellement le sens du mot « parents ».

     Elle murmure un inaudible merci.

     

    Elle est bien là. Bien mieux, que tout à l’heure dans les rues aux mille et une maisons de pierres qui lui sont familières, sous la pluie, à brailler du NOIR DESIR à plein poumons, à sourire bêtement à un chat. A être heureuse, tout simplement, mais heureuse seule… 

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  • Aujourd'hui, c'est... La Journée internationale de la Femme 


    Bon, il faut l'admettre, je suis un peu beaucoup féministe sur les bords mais voilà...

    Alors je vous souhaite à toute une excellente journée!

           Au Cameroun, aucune femme ne travaille ce jour-là et il y a de grands défilés de femmes parées de robes en tissus de la "journée de la femme", qui se renouvelle chaque année (le tissu, hein!)

                                                                -Alix

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